_ LA COLLOC. LES FILLES DU BORD DE MER
Sixième et dernier volet de notre série sur « Les femmes de la Perrière ». Depuis deux ans, les « filles » de la Colloc ont mis du punch à l’avenue de La Perrière. L’espace collaboratif, symbole d’une artère en plein renouveau, s’apprête à exporter le modèle lorientais. Et une certaine idée du travail.
Mercredi à la Colloc, c’était Murder Party. Une manière comme tant d’autres dans l’espace collaboratif lorientais de tisser du lien entre les membres. Dans le sous-sol récemment rénové, un escape game offre une nouvelle palette d’animations. Y voisinent un studio photo et la salle de sport. Aujourd’hui, les 1 400 m² de bureaux et d’espaces collaboratifs affichent complet. Des candidats patientent sur une liste d’attente. Une success story réalisée en moins de deux ans. La recette du succès ? « C’est le mélange de pleins d’ingrédients », sourit Sabrina Millien, l’une des deux co-fondatrice. Un succès uniquement au féminin. « Mais ce n’était pas une volonté de notre part, ni un désir de prouver que des femmes pouvaient réussir ce challenge. Cela s’est fait ainsi », corrige Anne-Laure Gahinet, l’autre pilier de l’aventure. Qu’importe. L’image est là, preuve que la réussite se conjugue au féminin. Avec pignon sur rue, à la Perrière.
« Un joli canapé et une lampe design ne suffisent pas »
« On adore l’âme de cette rue »
En revanche, l’avenue de La Perrière, c’est un choix assumé. Pourquoi ? La Colloc y a pris racine en 2014 dans un petit 12 m² au n° 40 de la rue. Les deux pionnières ont délibérément choisi les locaux voisins de la Loxam pour investir dans leur projet XXL. « On a bien visité des locaux ailleurs mais on adore l’âme de cette rue, son histoire, sa vitalité, sa diversité ». Ce cocktail, emprunté à cette artère en forme d’arête, vitamine aujourd’hui la Colloc et l’esprit qui y souffle. Car l’espace n’a pas gagné ses galons du jour au lendemain. « Au début, on nous a dit que l’on ne tiendrait pas six mois, que c’était trop grand, trop parisien ».
C’était sans compter sur la volonté sans faille des fondatrices qui avaient bien perçu que la digitalisation et le nomadisme professionnels étaient une tendance de fond. « On s’est accrochés à ce concept d’espace collaboratif, à l’idée que le partage favorise l’éclosion des compétences et change le regard sur le travail ». Depuis deux ans, l’équipe s’ingénie à dépasser le simple stade de la mutualisation des bureaux. « Un joli canapé et une lampe design ne suffisent pas », ironise Anne-Laure qui, avec Sabrina, a plongé dans l’aventure. « On a eu la chance d’être soutenu par nos familles, nos compagnons ».
« Pour les membres, il y a eu un avant et un après la Colloc »
L’animation, la clé du collaboratif
Les clés de leur réussite ? Trouver le bon dosage, comme dans un laboratoire, entre l’aménagement du lieu (bureaux, salle de sport, espaces de détente…), les outils (une monnaie interne) et l’animation (conférences, ateliers…). Un dernier point vital. « L’animation de la communauté est essentielle pour poser les bases du travail collaboratif ». Progressivement donc, la Colloc est devenue ce lieu où se sont développées de la transversalité, de l’intelligence partagée et des identités collectives. Pour le plus grand bénéfice des membres qui y ont développé leur business. « Beaucoup nous disent qu’il y a eu un avant et un après la Colloc ». Avec une moyenne d’âge de 42 ans, le site abrite près d’une trentaine de métiers. Preuve de la flexibilité du modèle.
La Colloc franchisée en 2019
La Colloc, avec des comptes à l’équilibre, se prépare à exporter son savoir-faire. « 2019 est une année charnière », souligne Sabrina Millien qui compte sur la franchise pour se développer. Où ? Des candidats ont déjà tapé à la porte de la Colloc. « Notre préférence va à des villes bretonnes de taille moyenne ». Mais attention, précisent les deux co-fondatrices, « ce n’est pas un modèle clé en main. Il faut l’adapter à chaque univers ».
Les deux jeunes femmes s’apprêtent également à se lancer dans l’expertise au service des entreprises. Ou comment mettre du collaboratif au sein d’une même société ? Pour assurer la bonne marche de la Colloc, une directrice des opérations va être recrutée. Encore une nouvelle femme à la Perrière.